Quel est le lien entre l’attentat contre Napoléon Bonaparte et la lutte contre les razzias malgaches par le sultan d’Anjouan ?
En plein razzias malgaches, le nouveau sultan d’Anjouan Alaoui 1er, qui venait d’arracher le pouvoir à son beau-père et cousin sultan Abdallah 1er, accepta de recevoir dans son sultanat 33 déportés Jacobins de la Révolution française en mars 1802. Ils étaient au total 70 anciens révolutionnaires déportés sans jugement aux Seychelles, accusés en 1800 d’avoir tenté d’assassiner Napoléon Bonaparte à Paris. L’administration de l’île décida d’envoyer ces 33 Jacobins à Anjouan au moment où Seychelles vient d’être prise par les Anglais, premier ennemi en Europe des Révolutionnaires Français.
Le sultan a reçu quoi en échange ?
Le sultan Allaoui 1er reçut en échange de son hospitalité, 3 canons, 40 fusils et de nombreuses munitions. Une affaire qui a permis au nouveau sultan, connu pour être plus informé de l’actualité politique et en même temps plus riche que son prédécesseur, de mieux se défendre contre les incursions malgaches. L’année suivante, en aout 1803, beaucoup des envahisseurs malgaches sont tués sur la plage de la capitale du sultanat, Mutsamudu.
Comment ces déportés ont-ils été accueillis ?
Le sultan Allaui 1er les avait interdit l’entrée dans la ville de Mutsamudu, en avançant comme raison que la loi islamique est très rigoureuse sur ce point précis. La protection des femmes fut avancée par le sultan comme une deuxième raison. Une espèce de hangar fut édifié sur la côte de l’île à quelque distance de la ville de Mutsamudu pour accueillir ces 33 Jacobins de la Révolution française. L’architecture de cette grande case fut l’œuvre de l’un d’eux qui était architecte mais c’est le sultan qui assura la fourniture des matériaux nécessaires et de la main d’œuvre. Une case qui ne fut jamais achevée.
Que sont-ils devenus après ?
21 de ces Républicains accusés par Napoléon sans aucune preuve d’être les auteurs de l’attentat, sont morts probablement du paludisme six semaines après leur installation dans le sultanat d’Anjouan. Ils étaient plus vivants pour assister à la prochaine incursion malgache à Mutsamudu. En 1803, huit parmi les survivants quittèrent l’île d’Anjouan pour Ngazidja.
Comment étaient-ils reçus à Ngazidja ?
Il est fort probable que c’est huit Jacobins de la Révolution française sont les premiers Européens à avoir parcouru l’intérieur de l’île de Ngazidja . Trois parmi les huit meurent peu de temps après leur arrivée, probablement les premiers français qui furent inhumés à Ngazidja. Les cinq autres ont trouvé facilement un boutre pour Zanzibar.
En août 1803, quatre autres Jacobins, que le sultan d’Anjouan Allaoui 1er avait fini par autoriser à s’établir dans la ville de Mutsamudu en raison de leur état de santé. Après avoir trouvé leur santé, le sultan leur fournit son aide pour gagner Mozambique, ils arrivèrent d’abord à Ngazidja. Ils portèrent une lettre pour le sultan de Bambao Mwigni Bakar Ahmed connu sous le nom de Said Bakar (oncle du futur sultan Mwigni M’kou), le constructeur du rempart (Ngome) de la colline d’Ikoni (Ngou ya Ikoni).
Mais leur boutre chavire dans la côte orientale de Ngazidja. Les deux sont morts noyés, les deux autres sont conduits au sultan Ntibe de Ngazidja Fe Fumu ben sultan Fumnao à Itsandra, qui venait de succéder son père. Les naufragés sont mal accueillis et par le sultan Ntibé et par le sultan de Bambao Mwigni Bakar Ahmed à Ikoni.
D’après les sources, ces deux déportés Jacobins de la Révolution française furent par contre bien reçus par les habitants de l’île de Ngazidja dans leurs villages, contrairement aux sultans de l’île, qui sous les conseils du sultan Allaoui 1er d’Anjouan, faisait tout pour les éloigner de Ngazidja. Les Jocobins ont réussi à passer trois mois à Ngazidja. Finalement, ce sont ce deux survivants qui ont réussi à regagner la France.
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Images : captures d’écran d’un texte qui parle de cette histoire de ces déportés français à Ndzuwani et à Ngazidja. Gallica, Bnf.
Sources : Jean Martin, tome 1, 1983.