Le Sultan Said Ali Sidi Said Omar et son demi-frère Said Mohamed Sidi Said Omar

L’image semble être simple, mais en réalité, elle est beaucoup chargée d’histoire. Au premier regard, la photo représente 3 catégories de la société comorienne à cette époque :
-l’aristocratie dont font partie sultan Said Ali, son demi-frère Said Mohamed Sidi et ses ministres ;
-les Européens dont Léon Humblot;
-et enfin les autres figurants qui ne portent pas de kiemba.
Si on applique à cette image la pensée complexe si cher à Edgar Morin, qui consiste à « relier l’objet au sujet et à son environnement « , on se rend compte que la photo est porteuse d’une histoire complexe. Il faut savoir qu’au début des années 1880, la connaissance des Européens sur le continent africain était limitée aux côtes. Ils ne connaissaient pas l’intérieur du continent africain. Les Portugais étaient déjà au Mozambique depuis la fin du 15eme siècle. On connaît leur passage aux Comores. Les sultanats des Comores jouaient le rôle d’escale pour la route des Indes. Ce qui a permis l’enrichissement des îles. Mais la géopolitique a changé aux années 1880.
La photo est exécutée dans un contexte géostratégique qu’il ne faut pas négliger : guerre entre sultan Said Ali et sultan Hachim, arrivé à Moroni de Léon Humblot et surtout que l’image doit être relier au partage de l’Afrique par les Européens dans la conférence de Berline en 1885.
La présence de Humblot dans cette photo nous permet de dire, si ce n’est pas une photo prise lors du signature de la convention commerciale entre le sultan Said Ali et Léon Humblot le 5 novembre 1885 au bord du Boursaint en rade de Moroni, il est certain qu’elle n’est pas être prise avant 1884, année avec laquelle Humblot est arrivé à Ngazidja.
Cette convention fait échos à ce qu’on peut lire sur « le préambule de l’acte général rédigé à l’issue de la conférence [de Berlin], le 26 février 1885. » Dont le message  » est clair, il s’agit de régler dans un esprit de bonne entente mutuelle, les conditions les plus favorables au développement du commerce et de la civilisation dans certaines régions de l’Afrique. »(L’histoire /N*477/novembre 2020).
Dans cette période, le sultan Said Ali était confronté à la montée en puissance de sultan de Mbadjini, son oncle Hachim. Comme « certains dirigeants africains ont ainsi pu utiliser les Européens contre leurs adversaires politiques´ » le sultan Said Ali rentre dans ce même jeu géostratégique en signant un traité commercial qui répondait la logique coloniale des Occidentaux de la conférence de Berlin : « le commerce avant tout. »
Il y avait une dimension morale qui allait de pair avec cette logique issue de la conférence de Berlin le « commerce avant tout » que les Français appellent la « mission civilisatrice » et les Britanniques les « 3 C » : christianisme, commerce et civilisation.
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Image fait dans un navire, probablement de type européen : Sultan Said Ali assis au côté de son demi-frère Said Mohamed Sidi qui lui est assis à droite. On peut reconnaître aussi le ministre de sultan Samba Ouma assis à gauche. Léon Humblot est celui qui ne porte rien sur la tête parmi les trois blancs.
Crédit photo : Musée patrimonial photographique de Mutsamudu. Collection Léon Humblot.
Sources : Djahazi 03; L’histoire, numéro 477; novembre 2020, 1885, conférence de Berlin, le partage de l’Afrique.

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