« On dit que Mirontsy est née au 19ème siècle. Ce qui n’est pas tout à fait vrai, puisqu’il y a des monuments démontrant que cette cité était déjà habitée au 16ème siècle. Des sites comme Mkiri wa Mpwani et Masdjidil Azhar témoigne de ce passé. Les quatre siècles qui ont suivi, Mirontsy aurait cessé d’exister, suite aux razzias malgaches… »
En lisant un post¹ de la page facebook de Mirontsy on y apprend que la personne qui aurait fondé la ville était le frère de Musa Mudu. Chacun s’est établi dans son espace. L’un s’est accaparé toutes les terres tandis que l’autre de toutes les rivières d’où le surnom de « Miro yontsi ». C’est à partlr de ce surnom du frère à Musa Mudu que la ville tire son nom actuel : Mirontsy. Comme Mutsamudu a commencé à être bâti vers 1482 alors la cité de Mirontsy l’était également vers la même année. Ainsi, à travers cette histoire, il est montré que la fondation de Mirontsy remonte à la fin du XVe siècle, plus précisement vers, 1482, l’année où est mort le deuxième sultan de Ndzuani, le sultan Muhammad ibn sultan Hasan al-Shirazi et le début du règne du régent al-Sayyid Alawi al-Ahdal. Cependant cette ville n’a pas commencé à être habitée durant cette période.
De nos jours on parle souvent des chroniques écrites par nos arrières-grands-parents vers la fin du XIXe siècle et vers le début du XXe siècle comme celle de Saïd Bakar wa Mwenye Mkuu (1898). Il y a aussi celle du cadi ‘Umar bin Abû Bakr bin Husayn (1865) et du cadi Saïd Ahmed Zaki (1927) ainsi que d’autres.
Il faut savoir qu’il existe une chronique écrite vers 1914 qui parle de la fondation de certaines villes anjouanaises par le Fan Husayn et ses compagnons. Pour rappel Fan Husayn était le père du premier sultan de Kilwa. L’auteur de la chronique s’appelait Mushamu ben Mohammad ben Abdallah ben Swalihi ben Mushamu ben Ashihami ben Abibakari ben Twaibu Anmu illa Bugdadi.
La chronique a été écrite à Bukini. Elle était aux mains de Bagoulamou, de son vrai nom Fundi Salim Abdou qui, est très connu par les habitants de Mirontsy puisque c’est lui qui a ouvert un grand madrasse afin de faire apprendre l’islam. Elle a été traduite par Ali Mohamed Gou.
Dans cette dernière la fondation de Mirontsy a été évoquée à travers ces quelques lignes suivantes :
« Sitat fa idan thudaa wiru ila Yuma
ya yakele ya ani Uvanga hatta muswalaju Yuma yayakele vwaroro moja
ismihu Shiroroni baqaytu
ithnayni radjul alf alf wa m’ra’ati (1)
mina (?) alf. Wa waladi zani alf.
maji yawavingi hatta Fumbuni Mirontsi [schéma]
Aswili ya Mirontsi ziara »
En français ça donne, selon le traducteur, « Les six autres navires tentèrent de contourner l’île. Lorsqu’ils arrivèrent à Nyumakele, c’est-à-dire non loin de Upvanga, et se rapprochèrent de Mwsalaju, ce bateau fit naufrage : cet endroit s’appelle Shiroroni. Deux hommes furent rescapés avec des milliers et des milliers de femmes. On dénombra mille enfants sans parents. Ils furent transportés par les eaux jusqu’à Fumbuni à Mirontsi. L’origine de Mirontsi était ce lieu appelé Ziarani ».
Même si dans cette chronique l’auteur place l’arrivée de Fan Husayn et ses compagnons autour de l’an 651 H/1253, les preuves archéologiques trouvées dans la région jusqu’en Australie montrent clairement qu’ils sont arrivés durant la période du Xe siècle. De plus la datation effectuée par l’archéologue Wright en 1992 montre que la mosquée de Mpwani a été fréquenté entre le XI et le XIIIe siècle. Ce qui signifie que la cité de Mirontsi n’est ni née au XVIe siècle ni au XVe siècle mais, bel et bien, au Xe/XIe siècle selon l’archéologie de la région et du site en lui-même. Et pour terminer, sachez que c’est dans cette mosquée que al-Ma’aruf s’était caché pendant une semaine afin d’échapper aux soldats de sultan Abdallah III, « Mawana ». Et même quand ces derniers sont arrivés dans la mosquée en ayant appris la cachette du Sheikh ils ne l’ont pas trouvé alors qu’il était toujours présent. Les habitants de Mirontsy disent qu’il a été protégé par la grâce d’Allah puisque Mawana le voulait vivant ou mort.
Sources :
Club Soirhane, « Une autre histoire de Mironsty », 2019.
Ali Mohamed Gou, « La fondation des villes d’Anjouan selon le manuscrit de Mouchamou ben Mohamed ben Abdallah ben Soilihi » dans « L’extraodinaire et le quotidien. Variations anthropologiques », pp. 495 – 521, 2000.
Henry T. Wright (1992) Early Islam, Oceanic Trade and Town Development on Nzwani: The Comorian Archipelago in the XIth-XVth Centuries AD, Azania: Archaeological Research in Africa.